En raison de la pandémie actuelle, les professeurs et les étudiants doivent s’adapter à de nouvelles méthodes de travail dans un monde plein d’incertitudes. Quand nos enfants pourront-ils retourner à l’école? Pourrons-nous rendre visite à nos parents âgés? Que se passera-t-il avec la prochaine année scolaire? Ils expérimentent et apprennent à utiliser des outils numériques avec lesquels peu de gens étaient familiers jusqu’à tout récemment, et les utilisent pour remplacer les réunions et l’enseignement en personne. Plus que jamais, les frontières entre le personnel, le public et le professionnel s’estompent.
Cela crée des défis pour les professeurs et leurs étudiants, et nous obligera à développer collectivement de nouvelles normes d’interaction. Mais nous ne devons pas oublier que notre personnel administratif – administrateurs, assistants administratifs, coordonnateurs, etc. – est également confronté à ces mêmes défis, mais souvent sans le même niveau d’attention.
Au début de la crise, les universités canadiennes ont reconnu à juste titre que les étudiants étaient confrontés à un stress et à une fatigue sans précédent, et qu’ils étaient souvent incapables de se concentrer. Des ressources ont été mobilisées pour soutenir les étudiants et des mesures d’adaptation ont été prises au cours du trimestre d’hiver pour répondre à cette situation. Mais le personnel administratif est également stressé et fatigué, et il est soumis à des demandes de la part de professeurs qui ne sont pas toujours patients, ou d’étudiants qui sont inquiets et angoissés par les incertitudes entourant le prochain trimestre d’automne.
Le personnel administratif est l’épine dorsale de l’université ; sans lui, les étudiants ne peuvent pas s’inscrire à des cours ou à des programmes, les notes ne peuvent pas être enregistrées, les salles de classe ne peuvent pas être réservées ou préparées, les fonds des subventions ne peuvent pas être administrés. Un étudiant ou un professeur astucieux apprend rapidement qu’avoir une relation positive et constructive avec les secrétaires de département et de programme peut lui faciliter la vie. Ce sont ces personnes qui savent comment faire les choses et quels raccourcis prendre.
Invisible et sous-évalué
Mais ils sont aussi souvent les personnes invisibles de l’université. Ce sont les professeurs et les cadres supérieurs qui sont au premier plan, qui sont dans les médias, qui apportent l’argent. Mais c’est le personnel administratif qui fait fonctionner l’université pendant l’été alors que les professeurs et les étudiants sont en vacances. (Il est vrai que de nombreux professeurs sont occupés cet été à faire la transition vers les cours en ligne).
Le personnel administratif et le personnel de soutien de l’université devraient être reconnus comme les travailleurs de première ligne qu’ils sont, dont nous avons soudainement commencé à reconnaître l’importance pendant la crise de COVID-19. Ce sont des professionnels dévoués avec des connaissances et des compétences spécialisées. Mais, comme de nombreux travailleurs de première ligne, le personnel administratif est souvent sous-payé et sous-évalué.
Pire encore, à la suite des réductions budgétaires, ils sont de moins en moins nombreux. Si les universités ont eu du mal à maintenir le nombre de professeurs, elles n’ont pas remplacé, voire elles ont éliminé, le personnel administratif et le personnel de soutien, tout en développant l’administration supérieure. Même avant la crise actuelle, des appels ont été lancés pour augmenter le personnel administratif et le personnel de soutien. Aujourd’hui, le besoin est urgent.
Le personnel administratif est au point de rupture. Les secrétaires et les coordinateurs de programmes peuvent être responsables de dizaines de programmes et de centaines d’étudiants. Les secrétaires administratifs principaux sont responsables de deux ou trois départements différents. Avant la crise de la COVID-19, cette situation était inacceptable, mais néanmoins acceptée au niveau institutionnel pour des raisons économiques ou simplement parce que ces professionnels n’étaient pas valorisés. Ils vivent aujourd’hui une angoisse morale et une détresse psychologique. Il y a un décalage entre leur sens de l’éthique professionnelle – ce qu’ils savent qu’il faut faire – et une charge de travail qui dépasse largement ce qui peut être fait. En négligeant le stress extrême subi par le personnel administratif, les universités ont contribué à son épuisement professionnel ou en sont complices.
Oui, nous devons soutenir nos étudiants dans la crise actuelle. Oui, nous devons soutenir les professeurs dans leur passage à l’enseignement en ligne. Et oui, cela signifie ajuster nos attentes et reconnaître que la nouvelle norme sera une productivité moindre, mais, espérons-le, avec le même niveau de qualité qu’auparavant. Mais surtout, nous devons soutenir notre personnel administratif, à la fois en réduisant (et non en augmentant) sa charge de travail et en embauchant plus de personnel, même si cela signifie que les universités creusent encore leur déficit. Si nous ne le faisons pas, le risque est que les membres du personnel administratif qui restent quittent l’université.
En tant que communauté universitaire, reconnaissons que nos travailleurs de première ligne sont essentiels à notre mission publique et méritent la reconnaissance sociale et financière qui leur est due.
M. Williams-Jones est professeur et directeur des programmes de bioéthique à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
Merci monsieur Williams-Jones.
– Une adjointe administrative
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