À une époque où les sciences ont un impact majeur sur nos vies et où les gadgets technologiques accompagnent plusieurs de nos gestes quotidiens, on pourrait croire que les jeunes se précipitent en masse vers des programmes d’études scientifiques et technologiques. C’est pourtant loin d’être le cas. Au Canada, comme ailleurs en Occident, le nombre d’inscrits dans ces programmes stagne, alors que la clientèle augmente dans les universités et les cégeps.
C’est à ce problème que souhaitent s’attaquer Patrice Potvin, professeur en didactique des sciences à l’Université du Québec à Montréal, et Abdelkrim Hasni, professeur en didactique des sciences et technologies à l’Université de Sherbrooke, les deux titulaires de la nouvelle Chaire de recherche sur l’intérêt des jeunes à l’égard des sciences et de la technologie.
Abdelkrim Hasni s’inquiète de l’impact du désintérêt envers la science sur le marché de l’emploi. Les besoins prévus en main-d’œuvre scientifique et technique sont déjà élevés par rapport à la relève en formation, et l’écart pourrait encore se creuser en raison de l’explosion de la demande dans les filières énergétique et minière. M. Hasni est aussi grandement préoccupé par le manque de culture scientifique de la population.
« Les citoyens sont appelés à participer à des débats de plus en plus marqués par les sciences et les technologies, souligne le professeur. Ils ont besoin de connaissances pour jouer pleinement leur rôle. »
Ultimement, la Chaire doit servir à trouver des solutions pour rendre les carrières scientifiques attrayantes pour les jeunes. Pour y arriver, il faudra tout d’abord comprendre pourquoi elles le sont si peu. C’est tout naturellement vers l’enseignement des sciences à l’école que les chercheurs tourneront leurs regards. Bénéficiant d’un appui financier de 1,1 million de dollars sur cinq ans, les chercheurs profiteront de la collaboration active de neuf commissions scolaires. Selon M. Potvin, la plupart des élèves du primaire sont émerveillés par les phénomènes scientifiques, mais leur intérêt s’éteint peu à peu, à mesure que la scolarité avance. « Il faut débusquer les éteignoirs et corriger le tir », lance-t-il.
Avec un pied dans la réflexion et l’autre dans l’action, les titulaires de la Chaire sont confiants de pouvoir redorer le blason des sciences à l’école.