Le 1er juillet prochain, à l’occasion de la fête du Canada, 21 femmes inuites monteront en souriant sur une estrade à Iqaluit, capitale du Nunavut, pour recevoir fièrement leur maîtrise en éducation « Leadership en apprentissage ».
Pour l’occasion, la plupart de ces femmes porteront des amoutis, parkas traditionnelles de cérémonie. Un ulu, couteau inuit, sera brodé sur nombre de ces amoutis comme symbole de la pensée critique acquise par ces femmes grâce à leurs études.
Les diplômées, des enseignantes provenant de tout le territoire du Nunavut, sont les premières de leur communauté à recevoir ce nouveau diplôme. Le programme, qui se déroule à temps partiel pendant trois ans, est offert par l’entremise d’une initiative conjointe entre l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard (UPEI) et le gouvernement du Nunavut.
Selon l’Université, il s’agit du premier diplôme de cycle supérieur offert au Nunavut. Le programme combine des cours en ligne et des séances en personne à Iqaluit ou à Rankin Inlet.
Parmi les diplômées se trouve Lena Metuq, mère et grand-mère de 46 ans qui est directrice adjointe de l’école Attagoyuk de Pangnirtung, un minuscule hameau situé sur l’île de Baffin. Mme Metuq affirme que le programme donne à des dirigeants autochtones comme elle le pouvoir d’aider à rendre l’éducation pertinente pour leur communauté. « Les Inuits ont leur langue, leur culture, leur façon de faire, dit-elle. Le diplôme nous donne la crédibilité qui nous permet d’aider les étudiants autochtones à acquérir les connaissances et la sagesse nécessaires pour contribuer à leur société ».
Comme les autres diplômées, Mme Metuq est un « excellent modèle » pour sa communauté, fait remarquer Fiona Walton, professeure d’éducation à la UPEI.
Bien que la maîtrise soit exigée pour les postes de cadres supérieurs dans nombre de systèmes scolaires au Canada, les Inuits n’avaient pas facilement accès à l’enseignement supérieur jusqu’à tout récemment, ajoute Mme Walton, qui a enseigné et mené des recherches dans le Nord pendant 17 ans. « Cela accroîtra leurs compétences et leur confiance en eux. »
Pourquoi n’y aura-t-il aucun homme sur l’estrade? Mme Walton croit que, à l’instar de nombreuses autres sociétés, l’enseignement est considéré comme un « rôle maternel » dans la culture du Nunavut.
Le diplôme de maîtrise est très prisé. Plus de 50 personnes ont présenté une demande lors de la première édition du programme, et il y a une « forte demande » pour qu’il soit offert de nouveau, indique Mme Walton. Selon elle, cela devrait se faire dès l’an prochain.