Activités des cercles pro-vie, Semaine contre l’Apartheid israélien et annulation d’une conférence de l’auteure conservatrice Ann Coulter étaient au nombre des questions épineuses dont devaient traiter les recteurs et provosts d’universités lors d’un atelier d’une journée tenu à huis clos au début de décembre. Organisé par l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC), le Dialogue sur la liberté universitaire a attiré plus de 30 hauts dirigeants à Vancouver.
Stephen Toope, recteur de l’Université de la Colombie-Britannique et coprésident de l’événe-ment, a déclaré que ces trois études de cas ont servi de point de départ à une séance de réflexion qui a « tenté d’établir d’importantes distinctions entre la liberté d’expression, la liberté universitaire et l’autonomie institutionnelle ».
Les discussions ont été ouvertes et franches, a-t-il ajouté. « Nous avons parlé en toute honnêteté de certains dossiers parfois difficiles et hautement politisés. »
La rencontre a entre autre permis de proposer que soit renforcée la version révisée de la déclaration sur la liberté universitaire de l’AUCC, et que des mesures concrètes soient prises pour appuyer les valeurs qu’elle prône, a expliqué M. Toope.
Cet atelier s’inscrit dans une série de nouvelles initiatives de l’AUCC axées sur ses membres, soit les chefs d’établissement de 95 universités et collèges universitaires canadiens. Au cours de l’année, l’Association a organisé un sommet sur l’éducation postsecondaire aux Autochtones en octobre, un atelier sur la collaboration avec l’Inde en juin, et une mission de recteurs en Inde en novembre. Un atelier sur l’enseignement au premier cycle est aussi prévu à Halifax en mars prochain.
L’idée du dialogue sur la liberté universitaire, et de certaines autres initiatives, est née en avril dernier, lors d’une séance de réflexion du conseil d’administration de l’Association, a expliqué le président-directeur général de l’AUCC, Paul Davidson. Il s’agissait de la première séance de réflexion du conseil d’administration en 15 ans, a-t-il précisé. Le milieu de l’enseignement supérieur s’est transformé considérablement pendant cette période. Ce rassemblement était l’occasion de « penser à ce que nous voulons faire au cours des 15 prochaines années ».
M. Davidson a souligné que la mission de l’AUCC ne se limite pas à la promotion d’intérêts : « l’Association est fondée sur le principe d’organisation mutuelle et se doit d’écouter ses membres et de tenter de satisfaire leurs intérêts ». Par exemple, a-t-il expliqué, certaines universités offrent d’excellents programmes pour promouvoir l’éducation aux Autochtones, mais jusqu’à maintenant, peu d’efforts ont été consacrés à les cataloguer et à les étendre à d’autres universités.
De même, un grand nombre de recteurs sont actifs en Inde depuis des années, mais de façon essentiellement épisodique, et non stratégique, a poursuivi M. Davidson. « Nous avons compris que ces activités auront un impact accru si on les relie de façon cohérente. »
Des 95 recteurs membres, près de 30 ont été embauchés dans les deux dernières années et demie, a ajouté M. Davidson. Avec un tel roulement parmi les dirigeants, il est important que l’Association offre l’occasion aux recteurs d’apprendre les uns des autres et de mettre en commun leurs pratiques exemplaires.
Il est à noter que les provosts et vice-recteurs ont été invités à participer au dialogue sur la liberté universitaire ainsi qu’au prochain atelier sur l’enseignement au premier cycle. « Habituellement, a expliqué M. Davidson, l’AUCC collabore presqu’exclusivement avec les recteurs. Toutefois, nous reconnaissons l’importance d’aider tous les cadres supérieurs à acquérir des compétences essentielles sur ces questions. »
L’AUCC propose déjà un programme destiné aux nouveaux recteurs sur une base régulière. Le dernier était prévu du 23 au 26 janvier 2011 à Cambridge, en Ontario. Charles Jago, qui a passé près de 20 ans en tant que chef d’établissement et qui était jusqu’à récemment recteur de l’Université de Colombie-Britannique, sera l’un des conférenciers.
« Les personnes qui accèdent à ces postes sont confrontées à des problèmes nouveaux et doivent se prononcer sur des enjeux tout aussi nouveaux, a soutenu M. Jago. À mon avis, il est très important d’être en mesure de dresser un portrait du milieu et d’obtenir des conseils sur la meilleure façon de fonctionner. Il y a tant à apprendre! »
L’atelier qui suivra, en mars, portera sur l’enseignement au premier cycle. Le recteur de l’Université de Sudbury, Pierre Zundel y participera. En collaboration avec Patrick Deane, recteur de l’Université McMaster, il a rédigé un article pour Affaires universitaires où il fait valoir l’idée qu’une transformation de l’enseignement au premier cycle s’impose. Tous deux aborderont ce sujet lors de l’atelier destiné aux nouveaux recteurs, en janvier.
M. Zundel a affirmé s’être senti interpellé par une petite voix qui lui disait « on peut faire mieux », et croire qu’il faut envisager le conflit entre les ressources et les attentes de façon plus créative. « Nous devons trouver une autre manière de résoudre le dilemme auquel nous sommes confrontés. Autrement, on ne fait que tourner en rond. »
Selon M. Davidson l’atelier sur l’enseignement au premier cycle sera très intéressant. « Il y a longtemps que l’AUCC ne s’était pas engagée de façon thématique et stratégique sur ces questions. Que les discussions commencent! »