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Conseils carrière

Comment survivre à sa première année d’études aux cycles supérieurs – Partie I

Reconnaître les cinq stades du choc culturel

par NANDA DIMITROV | 03 NOV 08

Milton Bennett, un chercheur renommé dans le domaine du rapport interculturel, aime dire que, lorsqu’on parle d’une autre culture, on imagine souvent une île éloignée – palmiers, nourriture exotique, coutumes particulières. Avec sa culture et son langage bien à lui, le milieu serait en quelque sorte une île.

Chaque année, des milliers de nouveaux étudiants aux cycles supérieurs, comme vous, posent les pieds sur cette île. Ils étudient, effectuent de la recherche et prennent un jour la décision d’y rester pour de bon ou d’en repartir.

Cette décision dépendra beaucoup de la façon dont ils se débrouillent au cours de leur première année aux cycles supérieurs.

Étranger en terre étrangère

Les activités qui se déroulent sur « l’île » peuvent vous sembler plutôt familières, mais il se pourrait que le langage qu’on y parle vous soit inconnu, tout comme les lois qui régissent ce milieu étranger.

Beaucoup des normes et des valeurs universitaires sont implicites. Il est donc difficile pour les nouveaux arrivants de les déchiffrer. Les termes « hypothèses épistémologiques », « analyse multivariable » et « validité conceptuelle » font partie du vocabulaire des résidents permanents du milieu (les Chaires de recherche du Canada, les boursiers postdoctoraux, les doyens et les professeurs permanents) lorsqu’ils décrivent leurs recherches. Ils savent tous que vous pouvez soumettre un manuscrit à plusieurs éditeurs, mais que vous pouvez soumettre un article de recherche à une seule revue à la fois. Ils ont une idée des propositions de recherche qui sont susceptibles de recevoir un financement important et de celles qui ne le sont pas. Et ils savent que le dernier candidat à un poste menant à la permanence au sein du département n’a pas été choisi à cause du dîner.

Après avoir tenté pendant quelques mois de découvrir ce que le milieu universitaire attend de vous, vous pourriez vous sentir perdu, irritable et même déprimé. Peu importe le nombre de fois que vous avez révisé votre proposition de recherche, votre superviseur la qualifie toujours de « bon départ » et vous recommande de la réviser de nouveau. Vous êtes découragé et pensez à quitter le milieu.

Vous vivez un choc culturel et n’êtes pas seul. Ils ne veulent peut-être pas encore l’admettre publiquement, mais vos compagnons de première année se sentent tout aussi perdus que vous.

Que se passe-t-il?

Tous ceux qui ont vécu à l’étranger connaissent les symptômes du choc culturel, que Robert Kohls, éminent expert en adaptation culturelle, définit comme une réaction émotionnelle à l’ambigüité dans un environnement où on se heurte à de nouvelles façons de faire, d’organiser et de percevoir les choses.

Le choc culturel se produit par accumulation et peut survenir lorsqu’on évolue dans une situation sans connaître les règles. Il touche tout le monde, mais se résorbe avec le temps. Nous traiterons dans un prochain article des techniques et des stratégies d’adaptation qui peuvent atténuer ses effets.

Il est d’abord primordial de reconnaître que le début de vos études aux cycles supérieurs représente une importante transition, qui prendra du temps. Il est normal de vivre un choc culturel et vous passerez par les stades suivants avant de vous sentir à votre aise dans votre nouveau milieu :

Pré-départ : Vous vous préparerez à vous lancer dans l’aventure des études aux cycles supérieurs.

Lune de miel : Ce stade est caractérisé par l’excitation de départ causée par le fait d’être rendu aux cycles supérieurs. Vous débordez d’enthousiasme et présentez des plans de recherche novateurs, mais trop ambitieux. Vous tentez d’assister à toutes les activités sur le campus.

Participation : Ce stade débute lorsque vous présentez votre première proposition de recherche aux comités d’éthique de la recherche et que vous devez la réviser; lorsque votre premier article est accepté à une conférence; lorsque les étudiants au premier cycle dont vous êtes le tuteur comprenne un concept que vous avez mis des semaines à leur expliquer. Ce stade est caractérisé par le tâtonnement et le fait d’apprendre de ses erreurs. Vous participez à la vie universitaire, mais vous n’avez encore rien à perdre.

Choc : Le choc survient à n’importe quel moment après le premier semestre, parfois aussi tard qu’à la fin de la deuxième année, alors que vous êtes de plus en plus actif dans votre discipline. Ce stade coïncide souvent avec des révisions à un important rapport de recherche, la difficulté à vous préparer aux examens, le refus de vos articles ou des doutes concernant la poursuite d’une carrière universitaire. Ceux qui tolèrent l’incertitude souffrirent très peu des symptômes du choc culturel au cours de ce stade; les autres par contre souffrirent d’insomnie, de dépression ou de troubles de l’alimentation ou pourraient même entrer en conflit avec leur directeur de recherche.

Adaptation réussie : Ce stade débute lorsque vous êtes à l’aise avec le vocabulaire relatif à l’économie ou à la biochimie et que vous découvrez comment présenter des exposés dans des conférences et comment publier des articles. Vous commencez alors à maîtriser le langage des historiens ou à vous comporter en microbiologiste.

Essayez de déterminer quels stades vous avez traversé jusqu’à maintenant. Pensez à ce que vous avez appris sur la culture propre à votre discipline et observez comment les chercheurs chevronnés communiquent entre eux.

 Nanda Dimitrov est directrice adjointe du Teaching Support Centre de la University of Western Ontario.

Ouvrages recommandés :

BOYLE, P. et B. Boice. « Best Practices for Enculturation: Collegiality, Mentoring, and Structure ». Dans New Directions For Higher Education, de M. S. Anderson (Ed.), San Francisco, Jossey-Bass, 1998, 101, p. 87-94.

WARD, C., S. Bochner et A. Furnham. The Psychology of Culture Shock, 2e éd., Philadelphia, Routledge, 2001.

COMMENTAIRES
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  1. Aline Germain-Rutherford / 23 novembre 2008 à 11:27

    Sur cette même question de l’acculturation dans nos institutions post-secondaires, les lecteurs de Affaires universitaires voudront peut-être explorer le site ressource « SuccessInAcademia.ca », que mon équipe de recherche et moi-même avons développé dans les 2 langues officielles. En effet, en 2005, le Ministère des Affaires civiques et de l’Immigration de l’Ontario finança ce projet de recherche pour explorer les problèmes et les défis pouvant faire obstacle au succès des professeurs nouvellement immigrés au Canada qui enseignent dans les institutions postsecondaires ontariennes. Le but de ce projet, qui s’est développé sur trois ans, était d’enrichir le dialogue entre les enseignants et administrateurs canadiens et nouvellement immigrés ainsi que d’aider au succès professionnel de tout enseignant entamant sa carrière dans le contexte de plus en plus multiculturel des institutions collégiales et universitaires de l’Ontario.

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