Marie-Ève St-Laurent voulait sonder l’humain. Elle a obtenu son baccalauréat en anthropologie. La jeune femme de 24 ans a finalement choisi le métier de sage-femme, parce qu’elle n’allait pas seulement sonder l’humain mais aussi le toucher à l’instant le plus près de l’essentiel : son arrivée dans le monde.
Aujourd’hui, elle exerce la profession de sage-femme dans une maison de naissances à Nicolet, en Mauricie. Mme St-Laurent était de la première cohorte d’étudiantes qui ont obtenu en 2003 un baccalauréat en pratique sage-femme à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
En septembre 1999, quatre mois après la légalisation de la profession de sage-femme au Québec, le programme démarrait. L’UQTR est d’ailleurs le seul établissement universitaire de la province où il est offert.
« La pratique sage-femme évoluait et l’UQTR voulait développer ses programmes tout en répondant aux besoins », relate Raymonde Gagnon, directrice du programme et professeure en pratique sage-femme à l’UQTR.
Le fruit était mur : l’UQTR a reçu 125 demandes d’admission dès sa création. Elle compte à ce jour 70 diplômées. Le nombre de places est cependant limité à 24 étudiantes parce que le marché du travail n’offre pas encore beaucoup de possibilités de faire des stages. « Lorsqu’il a légalisé la profession, le gouvernement n’a malheureusement pas mis en place les services de sage-femme qui permettraient de superviser et de former nos étudiantes », déplore Mme Gagnon.
Pourtant, selon le ministère de la Santé et des Service sociaux du Québec, les sages-femmes effectueront environ 10 pour cent des accouchements d’ici 10 ans. N’empêche que le taux de placement des diplômées se chiffre déjà à 100 pour cent. Elles œuvrent dans les maisons de naissances – qui offrent les accouchements à domicile – mais également dans les centres hospitaliers qui sont liés par une entente à cet effet avec le Centre de santé et de services sociaux de leur région.
Et les préjugés à l’égard de cette profession? Raymonde Gagnon estime qu’ils persistent, mais s’estompent lentement, et que la création du programme de l’UQTR contribuera à redorer le blason de cette profession.
Marie-Ève St-Laurent s’est, pour sa part, vue gentiment affubler l’étiquette de « farfelue » mais elle n’a jamais envisagé une autre profession. Si elle ne participait pas à l’aurore de la vie, elle œuvrerait auprès des mourants au crépuscule de la vie, affirme-t-elle.